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Baptême

Maintenant que j’accueille une audience délirante d’au moins six personnes, il est temps d’officialiser le nom de ce blog lancé au hasard la semaine dernière.

Sous les bancs des galères… (C’est ça le titre.)

Alors, développons.

Une galère est originellement un navire de guerre mue à la force de bras d’esclaves ou de condamnés, à l’aide de rames. De nos jours, l’esclavage tombant en désuétude, les peines judiciaires se faisant moins exotiques et les moteurs pétrophages remplaçant les bons vieux modes de locomotion traditionnels, la galère désigne surtout une épreuve pénible, en hommage au rôle traditionnel du galérien qui rame pour aller au casse-pipe. Depuis quelques temps, elle désigne même particulièrement les grèves des transport, avec sa voisine la « prise d’otage»  ; c’est redevenu une expression à la mode, en somme (comme les grèves).

L’utilisation de la galère comme synonyme d’épreuve est popularisé par la fameuse scène des Fourberies de Scapin (acte 2 scène 7) :

Géronte
Mais que diable allait-il faire à cette galère ?

… que Molière avait piqué à Cyrano de Bergerac dans son Pédant joué. En somme, le propos de la scène est de soutirer cinq cent écus à ce vieil avare de Géronte, qui ponctue chaque tentative de rebuffade devant cette facture d’un « Que diable allait-il faire à cette galère ? », dont la répétition crée l’effet comique. C’est rigolo.

Rien d’irrationnel, donc, à ce que nos communicants actuels, hostiles aux grèves, invoquent à leur tour ces galères en guise de diversion pour ne rien lâcher aux Scapins modernes.

Au théâtre, .Géronte fini par céder.

N’étant pas convaincu de l’intérêt du présent article, j’y ajoute ces deux textes réalisé à l’occasion de la fête des lumières 2007.

Le dragon a mangé Saint George.

Les lézards ont pris le pouvoir.
Ils prennent le temps de se baigner au soleil.
Avoir la queue qui repousse évite bien des tracas.
Pour eux, point de soucis : l’armure d’écaille amortie les coups durs.
Cracher du feu aide à passer l’hiver.
Voyez-les se réchauffer, le ventre plein de chevaliers !

Qui voudrait encore les échanger, béates personnifications du chaud bonheur repus, contre nos froides matinées de galères affamées ?

Frères humains qui après nous vivrez…

Puissiez-vous vivre en un monde sans lézard ni galère.

Si Saint George est notre tueur de lézards, qui se dressera pour vaincre les galères ?
Quel guerrier pacifique saura les apaiser ardemment ?

D’ici bas, notre modeste présent, votre futur passé, ces majestueux navires de discorde nous semblent terriblement insurmontables.
Les trésors d’humilité orgueilleuse nécessaires à les mettre à bas nous semblent chaque jour plus inaccessibles.

Un héros sabordeur nous remettra-t-il à flots ?