Archives de septembre 2009

Pandémie officielle

Voila. C’était inévitable, j’imagine : ce matin, j’ai découvert une large croix blanche peinte sur la porte de notre école. Nous l’avons ouverte il y a un mois, contre l’avis du duc selon qui un trop plein de connaissance ne peut que nuire à ces enfants de paysans. Le duc, si peu soucieux d’habitude de la santé de ces enfants au corps déformés par les travaux des champs et aux poumons encrassé au fond de la mine a sans doute trouvé dans leur toux l’indice évident de l’émergence prochaine de la peste au sein de l’école, même si aucun cas ne s’est encore déclaré parmi mes élèves.

La semaine dernière, il avait fermé le tribunal. Notre bon roi a enfin réussi à convaincre ses vassaux les plus réticents à mettre en place ses « débats contradictoires»  en lieu et place du jugement de Dieu pour déterminer la culpabilité des accusés. Mais désormais, c’est le jugement du duc qui prévaut. J’ignore si la peste à réellement fait des victimes, mais depuis une semaine, huit personnes ont été pendues, et une quinzaine d’autres ont disparu, emportées par les soldats du duc. Il nous a dit que ces criminels avaient attrapé la peste à cause de leur péchés, et qu’il devait les punir promptement pour éviter que leurs fautes ne retombent sur nous.

Bizarrement, le marché est resté ouvert. On aurait pu croire que ce lieu de regroupement serait un terrain propice à la diffusion de la peste, mais d’après les experts du duc, l’odeur… et bien, pestilentielle, qui y règne déjà protège les marchands et acheteurs. Si j’ai bien compris leur explication, la maladie renifle l’odeur et crois être déjà présente en ces lieux. Pourtant, la foule y est de moins en moins nombreuse. J’ignore si c’est par peur de la maladie ou à cause des taxes exceptionnelles levées par le duc pour lutter conte elle.

Même si les médecins du duc sont particulièrement alarmistes, je ne connais personne qui ait été atteint de façon claire par la peste, et les villageois les plus convaincus ne parlent jamais que de « l’ami d’une connaissance de leur belle-sœur» … Bien sûr, il y a les villageois que le duc emmènent ou exécute, mais avant qu’ils ne soient déclarés malades, chacun d’entre eux semblait aller bien.

Ce soir, je tenterais de gagner la province voisine avec quelques enfants qui veulent me suivre, et que leurs parents veulent voir échapper à l’épidémie. J’espère que la peste ne s’étend pas jusque là-bas. Le relais de poste fut l’un des premiers bâtiments frappé de la funeste croix blanche, le duc souhaitant apparemment éviter d’accueillir des messagers porteurs de peste. Mais s’il faut l’en croire, si nous avons bien été coupés du monde extérieur, cela n’a pas arrêté la maladie.

Si nous avons de la chance, nous reviendrons bientôt chez nous. Mais je crains que cette peste n’emporte tout sur son passage, à commencer par l’esprit des Hommes…

L’épidémie s’étend aussi sur internet, entre autres :
Chez Bambiii, chez Joranne, chez les patates, et chez les pingouins. Deux fois.