Car le week-end était chargé.
Samedi soir, j’ai plutôt raté ma lecture, mais les autres participants étaient vraiment bien. Voici le texte que j’ai lu tant bien que mal :
C’était un chasseur de rêve. Il prétendait qu’une déesse nommée Eluette lui avait donné la mission et le pouvoir de veiller sur le sommeil de sa ville. Bien sûr, je n’en croyais pas un mot.
Ce soir là, il était venu me chercher. Il disait avoir besoin de mes talents pour sa « mission» . Je n’étais pas très frais, alors je n’ai pas su me défendre, ni me souvenir des chemins empruntés. Quand mon esprit s’est éclairci, nous étions dans une ruelle déserte et sombre que seule une lueur mauve d’origine douteuse éclairait.
Le chasseur me dit que nous étions dans un cauchemar. J’acceptais de le croire, au moins pour l’instant, car j’étais nu comme un vers, ce qui m’arrive rarement ces temps-ci en dehors de mes cauchemars et de certains rêves hélas plus rares. Après avoir sorti d’une poubelle des vêtements violets, le chasseur me pressa de m’habiller puis me tira hors de la ruelle, à la lueur du jour. Je constatais alors, primo, que mes vêtements n’étaient violets que sous la lumière glauque de la ruelle ; et deuxio, que le soleil était très haut dans le ciel malgré les vingt-trois heures bien entamées que me donnait ma montre. Je voulais m’arrêter pour méditer sur la défectuosité de l’horlogerie moderne, mais mon guide m’entraînait vers un but bien précis.
Après un trajet chaotique et quelques rencontres hasardeuses, nous entrâmes dans un petit jardin entouré de grattes-ciel. Malgré la taille des immeubles qui l’entouraient, la maison au bout de l’allée semblait plus imposante et importante que tout ce que j’avais pu voir dans cet étrange randonnée urbaine. Au dessus de la porte, accompagné du même symbole que celui qui ornait le portail du jardin, l’enseigne proclamait : « Chance et Bonne Fortune, Vœux en Vrac et Souhaits d’occasion ». Je suppose que la crise peut aussi frapper chez les fées.
Une espèce de domestique androgyne et muet m’offrit un chocolat chaud pendant que le chasseur faisait affaire avec la maîtresse de maison. La discussion fut houleuse, mais les deux paraissaient enchantés en se séparant.
Nouveau trajet tortueux, nouvelles rencontres absurdes, nous nous retrouvons devant une fontaine, au milieu d’un parc. La fontaine est à sec, mais le chasseur m’invite à y jeter le « vœu» qu’il a négocié chez la fée. C’est une espèce de balle en mousse piquée de plumes et de feuilles, peut-être un nid d’oiseau roulé en boule. Je la jette dans la fontaine en me demandant ce que ce cauchemar peut avoir d’effrayant.
Un bruit d’éclaboussure résonne. La fontaine est toujours vide et le vœu s’est évaporé. Je repense aux lieux traversés : une impasse couverte d’ordures, des rues peuplées de gens désespérés et terrifiés, une vielle maison au charme mal entretenu dans un jardin en friche entouré d’immeubles grisâtres anonymes, une fontaine brisée dans un parc à l’abandon. Tout ça est si… réel…
L’angoisse m’étreint.
Avec en bonus, les haïkus issus de ce texte :
Un chasseur de sommeil
Fouille une poubelle de cauchemars
Angoisse en plumes
Vœux en Vrac,
Chocolat enchanté
Fontaine d’ordures
Une fée frappée
Dans une ruelle glauque
S’angoisse pour ses plumes
Lueur glauque
Cauchemar mauve
Chocolat défectueux
L’angoisse résonne
Tout est si…
Nu
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Ensuite, le festival BD : j’ai passé l’essentiel des deux journées au stand du fanzine On dit de Lyon. J’ai reçu quinze dédicaces sur les vingt-neuf auteurs du bouquin. Pour le reste, je vous renvois aux comptes-rendus des intéressés (Joranne a même une photo de moi) :
- Joranne bagoule, qui n’a rien écrit dans le fanzine mais qui m’a quand même fait deux beaux dessins.
- Jibé, l’organisateur du machin.
- Dragib, qui parle de moi (un peu).
- Yrgane, qui parle de moi (beaucoup).
Rencontrer tous ces auteurs enthousiastes et acharnés était plutôt stimulant, et dès que je serais un peu remis de la fatigue du week-end, j’essaierai d’écrire.
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Dernier sujet, les élections européennes : j’en ai trop parlé ici pour ne pas conclure.
Je ne sais pas vraiment comment interpréter le résultat. Les UMP se prennent pour les grands vainqueurs de l’élection, alors qu’ils gagnent vingt-neuf sièges contre au moins quarante-deux élus qui ont fait campagne directement contre Sarkozy ou contre sa politique, et avec seulement 40% des voix qui s’étaient portées sur Sarko au premier tour de 2007. Mais on sait qu’ils sont contraint par le règlement intérieur du parti de mentir systématiquement. A moins qu’ils ne prenne le taux d’abstention délirant de 60% pour une victoire du parti, ce qui se comprendrait vu leur campagne. Là où cela devient inquiétant, c’est qu’ils semblent prendre ce faux plébiscite comme prétexte pour une nouvelle rafale d’anti-réformes contre la France. Pauvres de nous.
D’autre part, Brice Hortefeux, élu par erreur (dans tous les sens du terme…), renonce à son poste de député européen pour rester ministre des choux farcis. Nouvelle démonstration de la valeur accordée aux institutions européennes par le parti au pouvoir. Je me demande ce qu’aurait fait Olivier Besancenot, lui aussi troisième de liste pour de rire…
Enfin, saluons la preformance des écologistes européens, seul groupe à progresser en nombre de sièges avec le non-groupe des non-affiliés qui profitent de défections au sein du groupe PPE, la droite démocrate chrétienne. Une lueur d’espoir ?