Bilan du week-end

Car le week-end était chargé.

Samedi soir, j’ai plutôt raté ma lecture, mais les autres participants étaient vraiment bien. Voici le texte que j’ai lu tant bien que mal :

C’était un chasseur de rêve. Il prétendait qu’une déesse nommée Eluette lui avait donné la mission et le pouvoir de veiller sur le sommeil de sa ville. Bien sûr, je n’en croyais pas un mot.

Ce soir là, il était venu me chercher. Il disait avoir besoin de mes talents pour sa « mission» . Je n’étais pas très frais, alors je n’ai pas su me défendre, ni me souvenir des chemins empruntés. Quand mon esprit s’est éclairci, nous étions dans une ruelle déserte et sombre que seule une lueur mauve d’origine douteuse éclairait.
Le chasseur me dit que nous étions dans un cauchemar. J’acceptais de le croire, au moins pour l’instant, car j’étais nu comme un vers, ce qui m’arrive rarement ces temps-ci en dehors de mes cauchemars et de certains rêves hélas plus rares. Après avoir sorti d’une poubelle des vêtements violets, le chasseur me pressa de m’habiller puis me tira hors de la ruelle, à la lueur du jour. Je constatais alors, primo, que mes vêtements n’étaient violets que sous la lumière glauque de la ruelle ; et deuxio, que le soleil était très haut dans le ciel malgré les vingt-trois heures bien entamées que me donnait ma montre. Je voulais m’arrêter pour méditer sur la défectuosité de l’horlogerie moderne, mais mon guide m’entraînait vers un but bien précis.

Après un trajet chaotique et quelques rencontres hasardeuses, nous entrâmes dans un petit jardin entouré de grattes-ciel. Malgré la taille des immeubles qui l’entouraient, la maison au bout de l’allée semblait plus imposante et importante que tout ce que j’avais pu voir dans cet étrange randonnée urbaine. Au dessus de la porte, accompagné du même symbole que celui qui ornait le portail du jardin, l’enseigne proclamait : « Chance et Bonne Fortune, Vœux en Vrac et Souhaits d’occasion ». Je suppose que la crise peut aussi frapper chez les fées.
Une espèce de domestique androgyne et muet m’offrit un chocolat chaud pendant que le chasseur faisait affaire avec la maîtresse de maison. La discussion fut houleuse, mais les deux paraissaient enchantés en se séparant.

Nouveau trajet tortueux, nouvelles rencontres absurdes, nous nous retrouvons devant une fontaine, au milieu d’un parc. La fontaine est à sec, mais le chasseur m’invite à y jeter le « vœu»  qu’il a négocié chez la fée. C’est une espèce de balle en mousse piquée de plumes et de feuilles, peut-être un nid d’oiseau roulé en boule. Je la jette dans la fontaine en me demandant ce que ce cauchemar peut avoir d’effrayant.
Un bruit d’éclaboussure résonne. La fontaine est toujours vide et le vœu s’est évaporé. Je repense aux lieux traversés : une impasse couverte d’ordures, des rues peuplées de gens désespérés et terrifiés, une vielle maison au charme mal entretenu dans un jardin en friche entouré d’immeubles grisâtres anonymes, une fontaine brisée dans un parc à l’abandon. Tout ça est si… réel…

L’angoisse m’étreint.

Avec en bonus, les haïkus issus de ce texte :

Un chasseur de sommeil
Fouille une poubelle de cauchemars
Angoisse en plumes

Vœux en Vrac,
Chocolat enchanté
Fontaine d’ordures

Une fée frappée
Dans une ruelle glauque
S’angoisse pour ses plumes

Lueur glauque
Cauchemar mauve
Chocolat défectueux

L’angoisse résonne
Tout est si…
Nu

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Ensuite, le festival BD : j’ai passé l’essentiel des deux journées au stand du fanzine On dit de Lyon. J’ai reçu quinze dédicaces sur les vingt-neuf auteurs du bouquin. Pour le reste, je vous renvois aux comptes-rendus des intéressés (Joranne a même une photo de moi) :

  • Joranne bagoule, qui n’a rien écrit dans le fanzine mais qui m’a quand même fait deux beaux dessins.
  • Jibé, l’organisateur du machin.
  • Dragib, qui parle de moi (un peu).
  • Yrgane, qui parle de moi (beaucoup).

Rencontrer tous ces auteurs enthousiastes et acharnés était plutôt stimulant, et dès que je serais un peu remis de la fatigue du week-end, j’essaierai d’écrire.

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Dernier sujet, les élections européennes : j’en ai trop parlé ici pour ne pas conclure.

Je ne sais pas vraiment comment interpréter le résultat. Les UMP se prennent pour les grands vainqueurs de l’élection, alors qu’ils gagnent vingt-neuf sièges contre au moins quarante-deux élus qui ont fait campagne directement contre Sarkozy ou contre sa politique, et avec seulement 40% des voix qui s’étaient portées sur Sarko au premier tour de 2007. Mais on sait qu’ils sont contraint par le règlement intérieur du parti de mentir systématiquement. A moins qu’ils ne prenne le taux d’abstention délirant de 60% pour une victoire du parti, ce qui se comprendrait vu leur campagne. Là où cela devient inquiétant, c’est qu’ils semblent prendre ce faux plébiscite comme prétexte pour une nouvelle rafale d’anti-réformes contre la France. Pauvres de nous.

D’autre part, Brice Hortefeux, élu par erreur (dans tous les sens du terme…), renonce à son poste de député européen pour rester ministre des choux farcis. Nouvelle démonstration de la valeur accordée aux institutions européennes par le parti au pouvoir. Je me demande ce qu’aurait fait Olivier Besancenot, lui aussi troisième de liste pour de rire…

Enfin, saluons la preformance des écologistes européens, seul groupe à progresser en nombre de sièges avec le non-groupe des non-affiliés qui profitent de défections au sein du groupe PPE, la droite démocrate chrétienne. Une lueur d’espoir ?

A nous de gerber…

… car la discussion fut houleuse au point de nous donner le mal de mer hier soir.

Si vous ne l’avez pas vu, les sites d’informations en parlait déjà pendant, voire avant la diffusion ; par exemple ici ou .

Nous avons assisté à ce qui sera sans doute considéré comme une œuvre surréaliste majeure de ce début de vingt-et-unième siècle par les générations futures. Une émission de débat dont l’objectif affiché était d’inciter ses spectateurs à participer à l’élection européenne de dimanche. Mais le concept montrait dès le départ des failles majeures. Alors que les listes de candidats et de partis se présentant à cette élection sont innombrables, seuls huit participants étaient là. Pis ! La moitié d’entre eux ne sont pas du tout candidats à l’élection de dimanche. Enfin, l’agencement du plateau était pour le moins absurde : au lieu de réunir ce beau monde autour d’une table à débat, on les avait soigneusement éparpillé à de petites tables suffisamment éloignées pour les obliger à crier pour se faire entendre lorsque l’œil et l’oreille de la caméra se portaient sur une autre partie du décor. Et ils ont bel et bien crié…

Cette émission aura au moins eu le mérite de ranimer sur internet et la blogosphère un peu de l’animation et de la vigueur des débats sur l’Europe auxquels nous avions assisté lors du référendum sur le traité constitutionnel, et qui semblaient s’être dissipées depuis. On se plaignait du calme plat de la campagne, mais cet écueil à trois jours du scrutin nous aura un peu réveillés ; quoi que ce soit peut-être pour nous convaincre de ne pas y participer.

L’émission fut donc dominée par cette ambiance détestable et ces cris fusant de toutes part, chacun cherchant à placer ses mots plus haut que les autres. L’animatrice du débat la première. Elle fut particulièrement détestable et agressive avec certains, et obséquieuse avec d’autres. On aurait dit qu’elle cherchait véritablement à faire monter la sauce. Mais n’attribuons pas à la malice ce qui peut s’expliquer par la bêtise : elle semblait sincèrement surprise du résultat de son attitude.

Au milieu des hurlements de tronçonneuse, le représentant du gouvernement a su sans frémir continuer à manier sa langue de bois. Chaque participant l’a sans doute traité de menteur au moins une fois. Il serait intéressant de mesurer à quel point ses mensonges étaient nombreux et énormes, mais hélas la presse se focalisera sur les noms d’oiseaux plutôt que sur le font du débat.

Dans son coin, le représentant anti-capitaliste était le seul à ne piper mot que lorsqu’il y était invité. Avait-il compris qu’il n’y avait rien à tirer de ce débat ? Se contentait-il du « service minimum»  avec un discours mille fois répété ? Il est troisième sur sa liste et n’a probablement aucune chance d’être élu, peut-être la politique française lui est-elle une préoccupation bien plus importante que la politique européenne. Ce serait tout de même étrange pour un internationaliste.

Mais la forme était peut-être là pour combler le vide abyssal du font ; les sujet imposés étant aussi insignifiants que le commerce du vin rosé, l’adhésion de la Turquie (qui ne sera pas mise aux voix au parlement avant au moins dix ans, et donc ne concerne en rien la législature qui s’apprête à être élue) ou les vieilles rancœurs du débat sur le traité constitutionnel (il serait temps de passer à autre chose, non ?)…

Au milieu de tout cela, perle d’absurdité, un reportage nous vantait l’originalité et le dynamisme des clips produits pour inciter le public à aller voter. Afin d’accentuer le contraste (peut-être ?), le journaliste était choisi pour sa voix et ses intonations monocordes et soporifiques.

Pour conclure, théorisons un peu le complot : il semble que l’abstention profite au cercle de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Lui et ses mangemorts auraient-il planifié cette émission de façon à écœurer les électeurs et les inciter à aller à la pêche dimanche ? Il semble que l’animatrice ait réellement été surprise du résultat, mais elle a pu être choisie en connaissance de cause pour son incompétence et son agressivité, sachant que le débat tournerait mal grâce à elle…

Le joli mois de juin

Au programme ce mois-ci :

  • Le 6 : lecture de fin de saison du Temps des Mots, à partir de 20h, à la MJC du vieux Lyon – 5 place Saint-Jean – 69005 Lyon. Au programme : lectures par les participants de l’atelier (dont moi) de textes réalisés pendant l’année, puis lectures-performances par Edith Azam et Ritta Baddoura.
  • Le 17 et 19, à 21h, à nouveau à la MJC du vieux Lyon : Marivaudages au salon ; un peu de théâtre avec moi sur scène à nouveau.

La logique du gourdin

Cela commence il y a très, très longtemps. Enfin, pas si longtemps que ça si l’on prend une échelle géologique, ou l’échelle de l’univers, mais pour une durée humainement concevable, c’était il y a longtemps.

Un primate venait d’apprendre comment faire du feu. Comprenant les implications de sa découverte (pouvoir cuire sa viande, pouvoir éloigner les chats géants qui emportent régulièrement les membres les plus vulnérables de la famille pendant la nuit, etc.), il commença à répandre l’idée autour de lui. Il voulait la faire partager à toute la presque-humanité, mais un de ses frères, Fred, l’arrêta : pourquoi offrir cet avantage technologique sans précédent aux autres tribus ? Pourquoi ne pas le garder pour nous et les dépasser dans tous les domaine grâce à lui ?

Le grand-père des deux primate, quant à lui, criait comme toujours qu’il fallait remonter dans les arbres avant de mettre le feu au monde avec cette invention démoniaque, mais comme toujours, personne n’écoutait ce vieux gâteux.

Comme personne n’avait encore inventé l’éloquence ni la rhétorique, le débat se conclut lorsque Fred donna un vigoureux coup de gourdin juste entre les deux yeux de l’inventeur. Ainsi, cette tribu conserva quelques temps le secret du feu, avant que d’autres familles de primates s’allient pour l’annihiler avec son avance scientifique injuste. Heureusement, les femelles qu’ils prirent après avoir exterminé les mâles de la tribu leur apprirent le secret de la fabrication en série du feu, et le développement de l’humanité pu prendre son essors.

Bien, bien plus tard, quasiment de nos jours en fait, l’histoire hoquette. Les primates ont découvert bien d’autres choses que le secret de la fabrication du feu. Ils ont mis en place tout un système d’extelligence qui permet à n’importe lequel d’entre eux d’apprendre tout ce que les autres ont inventé sans avoir à refaire le laborieux cheminement élaboratif : langages, écriture, écoles, bibliothèques, etc. L’apogée de ce système s’appelle Internet, et permet à chacun de partager et découvrir la science et la culture produite n’importe où et n’importe quand au sein de l’espèce.

Mais les Freds ont franchi les époques, eux aussi. Aujourd’hui, leur gourdin s’appelle HADOPI.

Alors, la question se pose : au fond, avons-nous tant évolué ? Sommes-nous plus qu’une presque-humanité ? Devons-nous remonter dans les arbres tant que nous en avons encore ?


Hadopi – Brazil
envoyé par QuadratureDuNet

Résumé des épisodes précédents :

  • Après moults rebondissements, la loi Création et Internet a été adoptée le 12 mai à l’assemblée nationale française, puis le 13 mai par le sénat.
  • Le 19 mai, un recours à été déposé auprès du Conseil constitutionnel, qui doit statuer avant le 19 juin.
  • Pendant ce temps, le parlement européen votait un amendement propre à annuler toute compétence pour une autorité administrative à couper un accès internet sans la participation d’un juge, ce qui hôte toute substance à Création et Internet.
  • Mais peu importe, car la loi suivante est dans les tuyaux. Voici ce qu’en dit le communiqué du ministère de l’intérieur :
Le principe est simple. Le ministère de l’Intérieur indique aux Fournisseurs d’accès à Internet la liste noire des sites et contenus à bloquer, et ce sont les Fournisseurs qui empêchent l’accès à ces sites et contenus depuis un ordinateur en France.
Quelques liens :

7 juin, jour européen

Le sept juin en France a lieu le scrutin de l’élection des députés du parlement européen. C’est un suffrage universel direct et proportionnel ; c’est à dire que contrairement à nos élections de monarchie élective à la française, même si on ne vote pas pour le vainqueur, notre voix à toutes les chances d’être prise en compte.

Lors des derniers scrutins (présidentiel, législatif, municipal), mon vote n’a eu strictement aucun impact sur le résultat ou le comportement du vainqueur. Cette élection européenne m’en semble d’autant plus intéressante.

Alors, petit tour d’horizon des partis en lice :

* L’UMP : le parti de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Pour plus de totalitarisme et moins de Droits de l’Homme, votez UMP.

* Le PS : difficile de voir ce parti s’intéresser davantage à la politique européenne qu’à la politique franco-française… Notons tout de même que Guy Bono, l’un des flibustiers européens assassins de la loi Création et Internet, en est issu. Peut-être que les socialistes ne deviennent utiles qu’au parlement européen ?

* Europe Ecologie : le seul parti que j’ai vraiment vu parler de l’Europe plutôt que de la France. Le deuxième flibustier, Dany le Rouge, en fait parti.

* MoDem : à droite de la gauche ou à gauche de la droite, le parti d’extrême-centre de François Bayrou. Comme le PS, difficile de voir ses représentant sortir des mesquineries politiciennes française pour s’intéresser à l’Europe.

* Front de Gauche : le Parti Communiste Français et le Parti de Gauche. L’axe principal de leur campagne semble être « sanctionner Sarkozy»  ; difficile d’y voir un intérêt global pour l’Europe maintenant que Qui-Vous-Savez n’est plus à la présidence du Conseil de l’Union…

* Nouveau Centre : parti vassal de l’UMP.

* Debout la République : parti de droite, courant sécessionniste de l’UMP ; difficile de saisir les différences idéologiques avec la maison mère.

* MPF-CPNT : Mouvement Pour la France – Chasse Pêche Nature et Tradition. Si vous pensez que l’Europe est là avant tout pour préserver votre droit à tuer, c’est le vote qu’il vous faut. Le souverain du MPF est Philippe de Villier, dont Qui-Vous-Savez a volé tout son « argumentaire»  turcophobe. C’est aussi le deuxième plus abstentionniste inactif des député européen France.

* FN : le lobby du Zyklon B n’est pas encore mort, à nous de corriger le tir.

* Lutte Ouvrière : Arlette n’est plus là, mais son clonage semble être un succès.

* NPA : Nouveau Parti Anticapitaliste. Un parti d’opposition pure, difficile de voir ce qu’il peut faire de responsabilités européennes.

* Alternative Libérale : je ne sais pas grand chose à son sujet, mais les partis se revendiquant « au-delà de la gauche et de la droite»  sont généralement de type poujadiste d’extrème-droite. Méfiance, donc.

* Alliance écologiste indépendante : la tête de liste ici est Francis Lalanne. Faut-il en savoir plus ?

* Europe démocratie esperanto : même si je me réveille chaque nuit à l’idée que l’esperanto doit être davantage mis en avant en Europe, il me semble qu’il y a des combats plus urgents à mener…

En somme, rien de très enthousiasmant. Mais il parait que l’abstention profiterait à l’UMP, alors n’oublions pas de nous lever dimanche sept juin.

17 mai : journée internationale contre l’homophobie

« Si tu ne trouves rien à dire, consulte le dictionnaire.» 

homophobie
(nom masculin)
Attitude de discrimination envers les homosexuels.

discrimination
(nom féminin)
Faculté de discerner.
Etablissement d’une distinction.
Mise à part d’un groupe social ou ethnique à son détriment.

On parle donc aujourd’hui de cette faculté ahurissante que nous avons à décomposer la société en groupes d’individus selon les critères les plus absurdes (» Qui est contre la raison ou le sens commun, sans justification« ) possible. Une pigmentation un peu plus pâle ou plus foncée. Une folie différente de la démence au pouvoir. Ou, pour revenir au thème du jour, une vie sentimentale et/ou sexuelle « divergente»  (» Qui va en s’écartant de plus en plus»  « Qui ne s’accorde pas« ) ; non, ce n’est pas le mot qui convient. Disons plutôt : hétérogène (» Constitué d’éléments de nature différente« ).

Tout ça n’a rien de rationnel, mais ces petites haines sont omniprésentes dans notre quotidien. Nous avons même un ministre en charge de la compartimentation de l’humanité, ou « identité nationale»  ; comme si Eric Besson avait davantage en commun avec un quelconque militant socialiste et néanmoins français qu’avec, disons, Sarah Palin. Si pour résoudre nos problèmes nous consacrions la moitié de l’énergie et de l’imagination que nous déployons à les mettre sur le dos de telle ou telle « minorité»  imaginaire, il nous en resterait tellement pour nous enlacer en paix…

Quelques liens :

Garantie cauchemardesque

Voila donc près d’un mois que ce blog est à l’abandon. La faute en sera imputé à mes déboires informatiques. Je n’ai pas vraiment envie de développer le sujet ici, mais voici la lettre de réclamation que je pourrais envoyer si, dans mes aventures, mon ordinateur avait été, disons, un oreiller :

Monsieur,

Le quatre décembre, j’ai fait l’acquisition chez vous d’un oreiller de marque « rêve béat », et j’ai souscrit à la garantie « échange à neuf » proposée avec.

Depuis, je ne suis pas parvenu à faire le moindre rêve en dormant dessus. J’ai donc entrepris les démarches pour faire fonctionner la garantie. J’ai appelé le numéro indiqué sur le contrat de garantie, puis suivant les instructions que l’on m’y donnait, j’ai expédié l’objet. Une semaine et demi plus tard, au lieu des quarante-huit heures prévues par le contrat, on m’informait qu’aucun défaut n’avait été détectée, et que l’oreiller m’était renvoyé.

A la réception de l’oreiller, je constate qu’il a été déchiré, et je ne rêve toujours pas. Votre service après vente l’a d’ailleurs constatée. J’ai donc rappelé votre société sous-traitante pour signaler les déchirures et le défaut, et j’attends depuis en vain qu’elle me recontacte. Sa mauvaise foi chronique dans cette affaire n’est guère encourageante, c’est pourquoi je m’adresse à présent à vous.

En résumé : mon oreiller est défectueux, j’ai été privé de sommeil pendant deux semaines sans que la garantie fonctionne et il est à présent endommagé.

Je vous suggère donc de changer de sous-traitant et vous demande, conformément à mon contrat de garantie, d’échanger mon oreiller.

Dans l’attente de votre réponse,

La pomme et les méduses

Au petit matin, le poisson trouva une pomme en train de sombrer à travers son courant. Comme les reflets dorés sur sa peau pulpeuse lui plaisait, il l’attrapa et parti l’offrir à sa bien-aimée, une sirène des environs.

La sirène, qui ne manquait pas de prétendants, le remercia d’un baiser et croqua dans la pomme à belles dents. Mal lui en pris, car le fruit était empoisonné. Elle tomba dans le coma, et la pomme repris sa chute vers les bas-fonds. Pris de panique, le poisson se mis à tourner frénétiquement en rond, et le fruit criminel avait disparu avant qu’il ne reprenne ses esprits. Il rendit visite à la vieille murène guérisseuse, qui lui enseigna que le remède traditionnel à ce type d’affection est le baiser d’amour d’un prince charmant. Mais convenant qu’un tel remède ne serait pas facile à trouver céans, elle lui fit une ordonnance pour une potion d’algues miraculeuse qui soigne tout du mal-aux-cheveux à l’écaille incarnée au bout de la queue, avec très très peu d’effets secondaires.

Hélas, victime de la crise, l’apothicaire local avait plié bagage pour gagner des courants plus chauds.

Pendant ce temps, le prince des tritons, qui comptait au nombre des prétendants de la sirène, avait mis en pratique ses cours de lever-de-malédiction-par-le-baiser. La sirène frétillait de fureur contre le malheureux poisson, qu’elle n’eut guère de mal à retrouver et qu’elle dégusta en tête à tête avec son sauveur dans un petit diner romantique, avec un vin d’algue millésimé.

Le lendemain, aussi lunatique que les sirènes peuvent l’être, elle largua son triton pour le pirate Barbe-à-Papa qui lui offrait des méduses en sucre. Elle s’aperçut trop tard qu’il ne le faisait que dans l’idée de gagner sa vie en exposant la sienne dans les foires.

Et ainsi, elle ne vécu pas vieille, mais il gagna beaucoup d’argent.

C’est le printemps

Cette semaine le printemps est arrivé ; avec lui est tombé telle une chape de plomb ou une tonne de brique la flemme de saison. Ce qui explique l’absence d’article hebdomadaire jusqu’à ce soir. Mais je sauverais l’honneur avant minuit. Il me suffit de trouver de quoi parler…

Faisons un bilan de la semaine :

  • Lundi, j’ai acheté un tournevis.
  • Mardi, j’ai habilement esquivé l’opportunité qui s’offrait à moi d’assister à une soirée de projection d’animes.
  • Mercredi, j’ai fait des heures sup’.
  • Jeudi, je me levais beaucoup trop tôt.
  • Vendredi, il n’y avait pas assez de lumière pour lire dans le car TER.
  • Samedi et dimanche, j’ai passé mon temps à regarder de vieux épisodes de Daria, dont l’absence de téléphones portables est souvent un élément essentiel de l’intrigue.

Peut-être pas de quoi en faire un article, somme toute… Mais voila, c’est fait.

Quelques perspectives d’avenir : j’ai deux textes « en chantier» , mais peut-être ne verront-ils jamais le jour ; généralement si je n’achève pas un texte sur la lancé qui m’a poussé à l’attaquer, il ne fait que végéter au fond d’un fichier jusqu’à ce que je le relise, des mois plus tard, que je le trouve nul et l’efface. Hum, perspectives d’avenir, disais-je ?

Hier, c’était soirée poétique

Juste un petit mot pour publier le texte que j’ai lu lors de la soirée d’hier :

Ce n’est pas sans émotion que nous sommes réunis ici ce matin, pour célébrer l’extinction du Soleil. Après des années de travail, de tests, d’expériences, de succès et d’échecs, nos astrophysiciens sont parvenus à modifier l’orbite et la révolution de la Lune pour nous offrir une éclipse permanente.

Le progrès est en marche : plus jamais nous n’aurons à souffrir de coups de soleil. Plus jamais nous n’aurons à nous brûler les yeux en tentant de le regarder en face pour répondre à un défi idiot. Plus jamais le beau temps printanier n’incitera les travailleurs à se mettre en grève au moindre prétexte pour partir bronzer sur les pavés. Et bien sûr : plus jamais nous n’aurons à nous perdre des heures durant dans les embouteillages vers la défunte « route du soleil»  !

Nous répondons également à un besoin élémentaire de notre économie qui est de vendre des ampoules, lampes, abats-jours et autres veilleuses, et dont l’industrie entrainera par ricochets une relance économique dont chacun d’entre nous bénéficiera immanquablement. Cette concurrence déloyale du soleil qui offrait gratuitement de la lumière pendant toute la journée laissait en effet tout ce pan de notre industrie stagner sans espoir, ce qui nous était insupportable. Ce problème est derrière nous à présent.

Dans notre nouvelle nuit perpétuelle, chacun sera plus réveillé et moins bronzé que jamais. Nous n’aurons plus à nous soucier des nuages qui ne sauraient assombrir un ciel déjà libéré de toute clarté.

A présent, nous pouvons nous atteler à notre grand projet suivant : suspendre les mers et les océans dans le ciel pour récupérer les trésors engloutis de l’Histoire.

Je vous souhaite donc une longue et bonne nuit.

La prochaine lecture aura lieu au mois de juin.

C’est tout pour aujourd’hui.